Non à la perfection ! ;-)

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Nous recevons tant d'injonctions, ici ou ailleurs !

Transcende ta peur, commande l'univers, continue, garde confiance, ne laisse pas les autres commander ta vie, ménage toi, dépasse toi, écoute ton cœur pas ta peur, lâche prise, ne lâche pas le fil, soit créateur, soit performant, soit efficace, prend conscience, domine tes faiblesses, affirme toi, dépasse toi, réalise tes rêves, bat toi, soit heureux, soit calme, ne montre aucune faille, ne fait aucune erreur, transcende tes limites/imperfections, soit le plus fort, le plus malin, le plus riche, etc ... Tous les jours certains en ajoutent !

Quel délire !

L'être humain est ... un être humain !
C'est-à-dire : fragile, imparfait, mal-conscient, animé par des forces et des énergies qu'il ne commande pas, ou très peu, dépassé par les puissances de la vie, maladie, vieillesse, mort, accidents, circonstances ...

Alors oui, pendant un temps, on peut "jouer les gros bras", se croire au-dessus des failles qui affectent les autres, leur dire de "faire mieux", de faire "comme ceci" ou "comme cela" ... mais pour moi, c'est : boniments, numéro de foire ! Cela est vide, vide de sens !

Le premier pas de l'être humain sur le chemin spirituel est, toujours, de reconnaître, et de se reconnaître une faille, une douleur, une limite, une blessure qu'il est incapable de guérir, seul et par lui-même. Toujours.

Après, le chemin est douloureux, complexe, riche, puissant, avec ces joies, ces progrès, ces lumières ... il faut apprendre à ne plus de se fustiger, de cette faiblesse/faille, puis cesser de lui résister, sans se laisser détruire, et même l'accueillir sans peur, sans reproche, et alors là, se produit un/le miracle : de la faiblesse naît une conscience et une force que l'on ne se connaissait pas ... du voyage même que l'on a fait pour parvenir à accueillir cette faiblesse/faille, nous découvrons la profondeur et la force de l'être humain que nous sommes ...

Mais pour parvenir au sommet de la montagne, il faut d'abord descendre du tabouret sur lequel notre égo nous fait monter, pour nous faire croire supérieur aux autres, pour nous aveugler, surtout, sur la réalité de la faille et des souffrances que nous portons en nous ... Ce tabouret, c'est de croire en une perfection que l'on s'impose à soi-même, que l'on croit posséder, et qu'on impose aux autres qui nous entoure (ce qui crée bien des violences et des douleurs), mais une "perfection" illusoire, qui ne tient pas la route ... Beaucoup de gens, il me semble, à coup de "il faut", nous propose de monter sur le même tabouret qu'eux, d'embarquer pour la même fausse sécurité que la leur ...

Je dirai, car c'est à chacun de faire son expérience, et qu'elle seule nous enseigne véritablement :

"Essayez !" ... Mais quand la vie secouera le tabouret, le vôtre, ou celui du voisin que aurez voulu essayer, vous serez bien démuni ! Cependant il faut l'avoir vécu, pour ne plus céder à la tentation et à l'illusion ...

L'autre voyage exige de ne pas se laisser prendre aux pièges de la facilité, des mots brillants et doux, qui, comme un sirop de sucre, peuvent séduire, mais laisseront caries, diabète, maladies !

L'autre voyage exige que l'on ait les pieds sur terre, que l'on soit en contact avec notre "humus", notre vérité personnelle du moment (certains parlent du "pouvoir du moment présent" qui transforme tout ...), avec notre humilité, et avec la conscience de nos sensations, sentiments, pensées, croyances du moment ... et c'est en s'appuyant, avec intelligence, amour et humour, sur cette réalité, personnelle, de l'instant, sur nos pieds ancrés dans cet humble "humus", que l'on a un appui stable et que l'on peut se redresser, mettre la colonne dans son axe verticale, et ouvrir les bras et le cœur vers la terre et les autres, que la pensée et l'intuition peuvent s'ouvrir "vers ciel", à la véritable inspiration !

Ceux qui tenteraient la même chose sur leur instable tabouret ... se casseraient la figure ! ;-D

Mais bon ...

Chacun sa voie, chacun ses croyances !

Voilà mes convictions, voilà mon expérience !

Cordialement. Roland.